Partir. S'évader. Rêver. A l'heure de la rentrée des classes. Le Tour, qui rythme la naissance des étés, fleurit aux jours les plus longs et réveille à l'approche des vacances des âmes d'enfants trop longtemps engourdies, n'a jamais hissé ses voiles aussi tard, à contre-courant. Le peloton a toujours ondulé en juillet au gré d'un relief imaginé pour lui. Ses sillons se sont invariablement creusés dans une terre mordue par un soleil de plomb. Seules les guerres ont eu raison de lui depuis son éclosion en 1903. Rien d'autre jusqu'alors n'était parvenu à bousculer son calendrier.
Puis un virus a changé la donne, les dates et peut-être plus encore. L'édition 2020, qui s'élance ce samedi de Nice (Alpes-Maritimes), est donc unique, particulière. Elle se révélera sans doute imprévisible. Il faut s'en réjouir. D'abord, parce qu'elle existe. Une chance pour un événement de cette échelle. Les JO de Tokyo et l'Euro de foot, eux, par exemple, ont été repoussés d'un an, en 2021. Ensuite parce qu'elle éclairera d'un rai de lumière douce cette période sombre où les figures se masquent et les esprits s'échauffent ou se résignent. Le Tour est un phare qui parle à nos racines, berce nos rêves, nos souvenirs et leur donne un caractère immuable, rassurant.
Moins de monde, des sourires masqués
Qu'en sortira-t-il ? Personne ne le sait. Il y aura moins de monde sur le bord des routes, moins de bruit, une caravane amputée, des sourires masqués, des coureurs enfermés dans leur bulle protectrice… Mais il y aura toujours la France vue du ciel, ces images magnifiques, ces paysages grandioses et ces monuments bâtis pour l'éternité. Il y aura également de la vie, des familles, des parents ou des grands-parents penchés sur des bambins pour leur montrer, là, au bord du bitume, que de ces exploits naissent des passions.
Et il y aura aussi de quoi faire vibrer nos cœurs tricolores. Comme il y a un an? Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot, nos deux héros de juillet 2019, seront là. Et ils semblent déjà plutôt bien affûtés, si l'on se réfère aux quelques jours de course alignés depuis la reprise de la saison, le 1er août.
A 28 ans, Julian Alaphilippe n'est plus un jeune premier, mais il a gardé tout son punch. Il devrait encore jouer des tours à la meute à ses trousses, plus pour collectionner les victoires d'étapes que le maillot jaune, qu'il lui sera difficile de conquérir sur un parcours vite montagneux. C'est justement ce relief que recherche Thibaut Pinot, avec son équipe Groupama-FDJ construite autour de lui.
Egan Bernal, le prétendant logique
A 30 ans, le Franc-Comtois a une revanche à prendre, d'abord sur lui-même. Touché à une cuisse, il avait abandonné à la surprise générale l'an passé à deux jours de l'arrivée sur les Champs-Elysées, alors qu'il paraissait en mesure de remporter l'épreuve. Il sera l'un des favoris, malgré la petite faiblesse entrevue lors du dernier Dauphiné, terminé à la deuxième place.
Le bataillon bleu-blanc-rouge compte aussi dans ses rangs Guillaume Martin (Cofidis), Romain Bardet (AG2R) ou Warren Barguil (Arkéa-Samic) pour tenter des coups sur des chemins escarpés. Ils seront servis, dès le début du Tour, ce dimanche lors de la deuxième étape, avec l'escalade du col de Turini dans l'arrière-pays niçois comme un immense hors-d'œuvre.
Alors, Pinot en jaune, Martin ou Barguil avec les pois du meilleur grimpeur, Alaphilippe chasseur de succès? C'est aller un peu vite. Egan Bernal, le tenant du titre, sera là aussi, en prétendant logique. Leader à 23 ans d'une formation Ineos invincible depuis cinq ans et débarrassée des vieillissants Froome et Thomas, le Colombien devra néanmoins dompter l'armada Jumbo-Visma et son fer de lance, Primoz Roglic, qui s'annonce comme un épouvantail. Vivement la rentrée des classes.
August 29, 2020 at 12:05PM
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Tour de France 2020 : une édition d'un nouveau genre qui s'annonce passionnante - Le Parisien
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