Tour de France reporté : avec la crise, le petit monde du vélo a peur - Le Parisien

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A Champagnole où la parade des coureurs devait faire étape ce vendredi, toute la ville de 8000 habitants a couvert de jaune ses bâtiments publics et la devanture des magasins. La commune du Jura n'a plus vu le Tour s'arrêter dans ses rues depuis 1964. Elle devra encore attendre deux mois. La pandémie a mis le vélo au régime sans selle. La reprise des courses est autorisée mais les 113 000 licenciés de la fédération française, répartis dans ses 2479 clubs, ont dû mal à relancer la machine.

A Champagnole comme partout ailleurs, cette année 2020 a un drôle de goût. Le confinement a coïncidé avec le début de la saison sur route des amateurs. Du coup, le grand prix de la foire aux boudins n'a, notamment, jamais eu lieu : « Nous avons déjà tiré un trait sur la saison 2020. Elle est terminée. Nous avons annulé la demi-douzaine de courses que nous organisons normalement. C'est fini, il faut passer à autre chose », regrette Sandrine Jacques, la présidente de l'AC Champagnole.

Le maillot vert de l’AC Champagnole, ici Sébastien Petit, a trop rarement eu l’occasion de sortir en 2020./DR/Facebook/Ac Champagnol  

L'AC Champagnole est une photographie des clubs amateurs français : 56 licenciés quand la moyenne nationale est à 45. Ici pas de champions, mais des potes qui aiment se retrouver à l'entraînement en compétition sans rien avoir à gagner : « Nous sommes un club familial et totalement amateur, reconnaît la présidente. C'est d'ailleurs ce qui nous a sauvés : nous n'avons pas eu de salarié à payer, pas de dépenses pour rien à débourser durant cette crise. Nous avons même réussi à faire quelques économies sans financer les déplacements ou les inscriptions sur les courses. Pour le moment, on s'en sort. Mais les clubs qui doivent payer des salariés ont tous d'énormes soucis. »

«Le plus dur reste à venir»

Cela ne signifie pourtant pas que Champagnole va sortir indemne de cette crise sans précédent : « Le plus dur reste à venir, déplore Sandrine Jacques élue par ailleurs au conseil fédéral de la FFC. Notre sport est essentiellement financé par des partenaires privés, des commerces autour de chez nous. Ils sont nos amis, notre famille, nos connaissances. » Eux aussi sont dans la difficulté : « Ils ne vont pas dépenser le peu qui leur reste dans un club de vélo, pense la présidente. Je ne me vois pas aller les solliciter pour leur demander une aide. Alors, comment fera-t-on en fin d'année quand il faudra chercher des sponsors, relancer ceux qui nous sont fidèles ? Je ne le sais pas. »

Inquiet, le président du comité départemental du Jura, Roger Chevalier abonde : « Les bénévoles baissent les bras, beaucoup ne reviendront pas, regrette-t-il. Ils sont l'essence de notre sport. Des municipalités ont aussi changé de maires. Les nouveaux n'aiment pas forcément le vélo : qui nous dit qu'ils accepteront encore nos courses ? Les temps étaient déjà durs pour le vélo avant la crise. Ça va être de pire en pire. »

July 18, 2020 at 01:37PM
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