
Marseille, Lyon, Montpellier, Strasbourg… Les conseils municipaux de désignation des nouveaux exécutifs locaux, après le second tour des municipales marqué par une vague verte, se sont poursuivis samedi 4 et dimanche 5 juillet dans plusieurs villes.
Les communes ont jusqu’à dimanche pour organiser l’installation des conseils municipaux pour l’élection des maires, désignés par l’ensemble des élus – sauf à Paris, Lyon et Marseille, où les règles électorales sont différentes depuis 1982.
Enfin, les élections des conseils communautaires des intercommunalités devront, elles, avoir lieu avant le 17 juillet. La désignation des nouvelles équipes mettra fin à la cohabitation inédite, pendant la crise sanitaire, entre les conseillers de l’ancienne mandature, toujours en place après le report du second tour, et les nouveaux arrivants élus dès le 15 mars.
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A Lyon, l’écologiste Grégory Doucet tourne la page Collomb dans l’apaisement
Grégory Doucet est devenu samedi le premier écologiste à diriger la mairie de Lyon, entérinant le départ d’un Gérard Collomb beau joueur malgré une cuisante défaite, qui a sonné le glas de près de vingt ans de pouvoir dans la capitale des Gaules.
« Je ne ménagerai ni mon énergie ni ma détermination pour être digne de la confiance qui m’est ainsi accordée », a promis M. Doucet, cadre humanitaire de 46 ans, seul candidat déclaré lors d’un conseil réuni exceptionnellement à huis clos, épidémie de Covid-19 oblige. « Nous ne sommes pas là pour détruire mais pour construire », a voulu rassurer le nouveau maire, élu comme attendu avec 51 voix sur 73.
Cette session d’installation, dont le climat très serein a tranché avec les joutes parfois féroces des élections municipales – « l’heure n’est pas à croiser le fer », a notamment souligné l’élu du parti Les Républicains (LR) Etienne Blanc –, a été quelque peu assombrie par l’absence de dix élus de la majorité, placés en quatorzaine après la contamination de l’un d’eux par le nouveau coronavirus. A l’ouverture des débats, M. Collomb a précisé que la préfecture avait jugé qu’il n’y avait pas lieu de reporter le conseil. Digne dans sa dernière sortie comme édile malgré sa lourde défaite du 28 juin, le maire sortant a adressé aux élus écologistes ses « plus vives félicitations ».
Encore inconnu du paysage politique lyonnais il y a six mois, M. Doucet est le premier écologiste à diriger cette ville de 500 000 habitants, une prise sans précédent pour Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Sa liste d’union de la gauche a largement distancé celle de Yann Cucherat, le poulain de M. Collomb qui bénéficiait du soutien de la droite, et celle du dissident La République en marche (LRM) Georges Képénékian lors d’un second tour marqué par une abstention record (62 %).
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Le socialiste Michaël Delafosse officiellement élu maire de Montpellier
Le socialiste Michaël Delafosse, qui avait remporté le 28 juin les municipales avec 47,2 % des voix, a été élu maire de Montpellier avec 48 voix sur 65 (17 votes blancs) lors du premier conseil municipal de la nouvelle mandature. A la tête d’une liste PS-PCF-EELV au second tour, M. Delafosse était arrivé devant le maire sortant divers gauche Philippe Saurel (34,7 %) et le milliardaire Mohed Altrad (18,1 %).
Arrivé à vélo à la mairie, M. Delafosse a été très applaudi en montant à la tribune après son élection et lorsqu’on lui a remis l’écharpe tricolore. « Il est temps de mettre Montpellier sur le chemin de la transition écologique », a-t-il déclaré. Sa mesure-phare est la gratuité des transports publics pour les habitants de la métropole.
L’élection de ce professeur d’histoire et de géographie âgé de 43 ans s’est déroulée sur fond de forte abstention (65,56 % au second tour), alors que le scrutin montpelliérain a connu de nombreux rebondissements après un premier tour avec un record de quatorze listes et des déchirements internes au sein d’EELV et La France insoumise (LFI).
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A Strasbourg, l’écologiste Jeanne Barseghian élue maire
Jeanne Barseghian est devenue samedi officiellement la première maire écologiste de Strasbourg. « Je porterai de manière indissociable la réponse aux trois grands défis qui sont devant nous : le défi écologique, le défi social et le défi démocratique », a-t-elle déclaré après avoir obtenu 53 votes favorables. Onze conseillers se sont abstenus.
Mme Barseghian, qui succède au socialiste Roland Ries, maire pendant quinze ans, a présenté dès ce premier conseil municipal une déclaration d’« état d’urgence climatique » pour la ville alsacienne, comme l’ont déjà fait certaines villes (Paris, Barcelone) et comme compte le faire également le nouveau maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic. Elle a reçu l’ovation de l’ensemble des conseillers municipaux, y compris d’opposition.
La nouvelle majorité municipale, qui comptabilise 47 sièges sur 65, va être rejointe par le groupe de sept conseillers de la socialiste Catherine Trautmann – les deux femmes n’avaient pas réussi à s’allier entre les deux tours.
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Elu maire de Bordeaux, l’écologiste Pierre Hurmic va déclarer l’état d’urgence climatique
Vendredi, l’écologiste Pierre Hurmic, 65 ans, élu maire de Bordeaux par le conseil municipal, a donné immédiatement le ton lors de son intronisation, une page historique pour la ville après soixante-treize ans de règne de la droite.
Celui qui attendait depuis vingt-cinq ans son heure sur les bancs de l’opposition a été élu avec 48 voix, les quatorze conseillers municipaux issus de la liste de son opposant LR Nicolas Florian ayant voté blanc et les trois du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou ayant choisi l’ancien candidat à la présidentielle.
« Nous déclarerons l’état d’urgence climatique », a dit deux fois le nouveau maire, applaudi, une fois ceint de son écharpe tricolore. Devant la presse, il a ensuite cité quelques-unes des urgences : installation de fontaines, végétalisation, parcs ouverts jusqu’à minuit dans cette ville très minérale qui a battu à l’été 2019 son record de chaleur (41,2 °C).
« Bordeaux respire », la liste de Pierre Hurmic allié à la gauche, a remporté 46,48 % des voix au second tour, contre 44,12 % pour celle de Nicolas Florian et 9,39 % pour celle de Philippe Poutou, dans un contexte de forte abstention.
Après l’intronisation du maire se tiendra le 17 juillet une autre échéance cruciale, celle de l’élection du président de la puissante métropole, qui pourrait basculer à gauche.
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Martine Aubry réélue maire de Lille, recours des opposants EELV et LRM
Vendredi également, Martine Aubry, maire socialiste de Lille depuis 2001, a été réélue à la tête de la ville par le nouveau conseil municipal après une victoire sur le fil au second tour, contre laquelle les oppositions EELV et LRM ont déposé le même jour des recours devant le tribunal administratif.
Lors de cette première séance du conseil municipal, Mme Aubry a été élue par 43 voix contre 12 pour Stéphane Baly, Violette Spillebout ne s’étant pas portée candidate.
Agée de 69 ans, l’ancienne ministre s’est imposée dimanche 28 juin lors d’une triangulaire en totalisant 40 % des suffrages exprimés, avec 227 voix d’avance sur son ex-allié écologiste, M. Baly (39,4 %). Mme Spillebout, ancienne directrice de cabinet de Mme Aubry passée en 2017 dans le camp macroniste, a terminé troisième avec 20,6 % des voix, sur fond d’abstention record (plus de 68 %).
La candidate LRM a déposé vendredi après-midi, « pour l’éthique », un recours (« protestation électorale ») devant le tribunal administratif de Lille, pointant des « transgressions à la démocratie » et des « irrégularités très nombreuses » lors de la campagne, notamment des « pressions » sur les commerçants. Plusieurs de ses colistiers se sont toutefois désolidarisés de ce recours. Pendant que se tenait le conseil municipal, la liste de M. Baly a, à son tour, annoncé avoir déposé un recours devant le tribunal administratif.
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Edouard Philippe réélu dimanche au Havre
Edouard Philippe doit, lui, être installé à la tête de la ville du Havre (Seine-Maritime), dimanche matin, après sa démission de son poste de premier ministre, vendredi – le président de la république, Emmanuel Macron, a décidé de nommer celui qui fut le délégué interministériel au déconfinement du gouvernement Philippe, Jean Castex, à Matignon.
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Michèle Rubirola fait basculer Marseille à gauche
Après vingt-cinq ans de règne de Jean-Claude Gaudin, la gauche a reconquis le fief LR de Marseille avec l’écologiste Michèle Rubirola, première femme à diriger la deuxième ville de France. Médecin dans les quartiers populaires de la ville, âgée de 63 ans, elle l’a emporté au second tour, lors du premier conseil municipal de la mandature.
Avec 51 voix, la chef de file du Printemps marseillais, large alliance de partis de gauche, écologistes et collectifs citoyens, a devancé le député LR Guy Teissier (41 voix). Plombée par sa défaite dans son fief des 6e et 8e arrondissements et par une enquête sur de possibles fraudes aux procurations, Martine Vassal avait passé le relais à ce dernier jeudi.
Les larmes aux yeux, sous les applaudissements, Mme Rubirola monte sur l’estrade. Il est 15 h 10 : M. Gaudin lui remet l’écharpe de maire avant de s’esquiver et de prendre définitivement sa retraite politique. « Le clanisme, le népotisme et le clientélisme ont vécu », a promis la nouvelle élue, dans un premier discours adressé « à toutes les Marseillaises et tous les Marseillais, aux “gens de peu”, aux “gens de rien”, ceux à qui il ne reste que leur dignité ».
Candidate au premier tour de vote, Samia Ghali, la sénatrice ex-PS victorieuse dimanche dans les 15e et 16e arrondissements, avait mis fin à tout suspense avant ce second tour en annonçant « apporter son soutien à Mme Rubirola », qui venait aussitôt la remercier et l’embrasser. Autre possible trouble-fête, les neuf élus du Rassemblement national avaient quitté la séance depuis longtemps : « Nous laissons [entre eux] les magouilleurs, les marchands de tapis », avait tonné le sénateur Stéphane Ravier.
Notre sélection d’articles sur les élections municipales 2020
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July 05, 2020 at 11:14AM
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