Covid-19 oblige, on a bien cru ne pas avoir de Tour de France en 2020. Et puis, avec deux mois de retard, et une bulle sanitaire plus tard, voilà les coureurs de la Grande Boucle embarqués pour 21 étapes et 3 484 km sur les routes de France. Petit aperçu de la journée à venir.
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Au menu du jour, étape 8 : Cazères-Loudenvielle, 140,1 km
Dans ce Tour focalisé sur cette fameuse troisième semaine et ces Alpes placées en majesté, on en aurait presque oublié ce week-end pyrénéen. A tort peut-être. Si l’étape de dimanche entre Pau et Laruns paraît plutôt promise aux baroudeurs, celle du jour avec son triptyque col de Menté, port de Balès et col de Peyresourde offre le terrain pour la première explication tant attendue entre les favoris.

Avec ses 11,7 km à 7,7 % de pente moyenne, le port de Balès n’a rien à envier à un Tourmalet et pourrait permettre d’opérer une première sélection. Ensuite, il faudra escalader l’incontournable Peyresourde (9,7 km, 7,8 %), puis attaquer une descente d’une dizaine de kilomètres vers Loudenvielle. « Un bon acrobate pourrait faire la différence », prévient Christian Prudhomme, le patron du Tour. En 1997, Laurent Brochard avait surpris – cheveux et bandana au vent – les Pantani et Ullrich avec la complicité de son leader chez Festina, Richard Virenque.
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Le vainqueur du cœur
Si Richie Porte reprenait un jour une société de pompes funèbres, on serait à peine surpris que l’on découvre le secret de l’immortalité dès le lendemain. Oui, l’Australien est du genre maudit. Toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Ancien lieutenant de Chris Froome à la Sky, le natif de Tasmanie a essayé de se mettre à son compte avec un objectif en tête : remporter le Tour.
Mais avant cela, il faut déjà le finir. En 2017 et 2018, sa course s’est arrêtée, sur chute, lors de la 9e étape. Deux mésaventures parmi tant d’autres pour un coureur dont on s’accordait à dire qu’il avait « le moteur » pour remporter un grand Tour. Mais à 35 ans, son heure est passée.
Vendredi, le coureur de la Trek-Segafredo a perdu 1’ 21” dans le coup de bordure des Ineos-Grenadiers. Alors plutôt que de chercher à faire une place au général, on aimerait bien voir « Richie » enfin se lâcher, attaquer dans Peyresourde (croiser les doigts dans la descente) et le voir lever les bras pour la première fois sur la Grande Boucle.
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Le vainqueur de la raison
Avec déjà trois victoires d’étapes (deux pour Wout Van Aert, une pour Primoz Roglic), la Jumbo-Visma confirme qu’elle n’est pas venue sur le Tour pour enfiler des perles. Sur sa lancée, la formation néerlandaise risque de mettre à profit cette étape pyrénéenne pour affirmer son autorité.
Alors on imagine déjà une montée au train (d’enfer) du port de Balès, un gros relais de George Bennett dans Peyresourde pour laisser Primoz Roglic et Tom Dumoulin dans un groupe très réduit de costauds (avec au hasard Bernal, Pinot, Lopez, Pogacar et Martin).
Tout ce petit monde se focalise alors sur Roglic et son visage impassible. Mais personne n’a remarqué Sepp Kuss revenu de l’arrière et filant à tombeau ouvert vers Loudenvielle. Neuf ans après Tyler Farrar à Redon, un Américain gagne à nouveau une victoire sur le Tour. « America great again ».
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La leçon du jour
Depuis 2012, la vidéo fait le bonheur des amateurs de basket français. Remonté par le comportement trop passif de ses joueurs, Laurent Sciarra (alors entraîneur de Vichy) lâche cette phrase devenue culte « d’un dauphin, on n’en fait pas un requin » au milieu d’un mémorable monologue en roue libre de sept minutes.
De même, d’un vainqueur du Critérium du Dauphiné on ne fait pas un candidat au podium sur le Tour de France. Ces dernières années, des Janez Brajkovic, Andrew Talansky et même Jakob Fuglsang en ont fait la preuve malgré eux. Visiblement, Daniel Felipe Martinez en prend aussi le chemin. Lauréat du Critérium sans porter une attaque et en bénéficiant d’un improbable concours de circonstances (abandons de Bernal et Roglic, coup de chaud de Pinot dans la côte de Domancy), le Colombien touche son plafond de verre.
Déjà en en retrait au classement général après sa chute dimanche à Nice, le coureur d’EF Pro Cycling a sombré sur les routes de l’Averyron et du Tarn, terminant à plus de quatorze minutes du vainqueur, Wout Van Aert. Ces prochains jours, il devra oublier ses ambitions – envolées – au général et se mettre au service de son compatriote et coéquipier : Rigoberto Uran. A 24 ans, c’est le métier qui rentre.
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Détour du Tour
On l’avait laissé maillot à pois présomptif, au sortir d’un duel ayant brièvement animé la troisième étape, et évacué vers l’hôpital de Dignes-les-bains après une chute en descente. Anthony Perez va mieux. Le coureur français de la Cofidis a donné de ses nouvelles, depuis chez lui, où il est rentré effectuer sa longue convalescence. Victime d’une crevaison, il redescendait vers le peloton à toute balle quand un freinage intempestif d’un véhicule l’a envoyé valser. S’il n’aura pas l’occasion d’endosser le maillot à pois cette année, il remarche, après quatre jours d’hospitalisation.
Des nouvelles rassurantes de notre @PerezAnthony1 💛 Bonne rééducation et reviens nous encore plus fort 💪… https://t.co/D4wJ7Ey2HA
— TeamCOFIDIS (@Team Cofidis)
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Le tour de la Gaule
Parce que le Tour est plus qu’une épreuve sportive pour les Français, nous vous enverrons chaque jour une carte postale gourmande. Promis, nous aurons plus de mesure qu’Obélix et atteindrons plus vite la satiété.

A Lavaur, après quelques étapes charcutières, la table de Mathieu Lacaze est un enchantement. Dans son restaurant L’Œuf de coq, la finesse, la précision, l’élégance et l’inventivité (mélange de produits du terroir et d’une touche nippone) offrent un sans-faute. Poitrine de cochon au gomashio et jus de miso en entrée ; filet de bœuf, jus au miso et aubergines en deux façons (purée soyeuse et laquée au miso) ; mousse au réglisse, figue rôtie et sorbet de feuille de figuier. Un peu de légèreté avant d’attaquer le plat de résistance pyrénéen.
Le Tour post-confinement
Deux mois, c’est le temps qu’a duré le confinement imposé par le coronavirus dans l’Hexagone. Et puisqu’on va sillonner les routes nationales et autres départementales, nous nous proposons de raconter des histoires jaillies pendant le confinement.
Septième arrêt Lavaur, Lavaur, deux minutes d’arrêt

A Lavaur vendredi 4 esptembre, et pour une fois, Clotilde Thibault, résidante du foyer municipal de personnes âgées, regardera d’autres faire du sport au lieu d’en faire elle-même. « Je vais aller au 2e étage chez une petite dame pour voir passer les coureurs. Ils passent juste dans la rue en face », lâche-t-elle, l’impatience dans la voix.
Débarquée de sa Normandie il y a une vingtaine d’années, cette fraîche et pimpante nonagénaire est une amoureuse du sport qu’elle pratiquait assidûment : aquagym, vélo ou marche. Désormais, c’est grâce à Laura Monpagens, animatrice sportive pour la mairie de Lavaur, qu’elle pratique ses exercices physiques.
Pendant le confinement – « une période morose et très triste » –, Clotilde n’aurait manqué pour rien au monde ce moment partagé. Sa joie a été intense, « un vrai rayon de soleil », quand Madame Claire – « notre directrice » – a annoncé que les cours allaient se poursuivre.
Pour pallier la situation sanitaire, une vidéotransmission en direct a été mise en place. Depuis une salle du service des sports, Laura Monpagens a assuré au moins six séances individuelles par jour, tous les jours de la semaine, à destination d’une vingtaine d’élèves volontaires : « Les résidants ne pouvaient plus voir personne. On s’est dit que l’on devait conserver le lien. Le temps de la mise en place, de raccorder la salle pour retransmettre sur un grand écran et de régler le son… »
Mobilité du corps, exercices basiques sur les articulations, le but est d’éviter la perte d’autonomie. Imaginés pour leurs bienfaits sportifs, les cours ont rapidement produit des effets humains très bénéfiques. « Ils étaient ravis, c’était une bouffée d’air. Ils avaient besoin de parler. J’ai plus essayé de faire des exercices pendant le papotage même (rires) », s’amuse Laura.
Clotilde Thibault est assidue. Deux fois par semaine, elle suit ses séances pour travailler les jambes, les genoux ou les épaules et en redemande : « C’était trop court mais c’est normal car il faut faire passer tout le monde. La première fois, on a été surpris de voir ce grand écran. Puis on y a vu Laura, toujours souriante. On se lavait les mains et c’était parti. Pour rien au monde, on ne les manquait. »
Foulard aux couleurs de Lavaur autour du cou, accréditation au cou, le maire, Bernard Carayon, a déserté quelques minutes le village arrivée du Tour, qui attend impatiemment la 7e étape. « En parallèle de ces exercices physiques, on propose des exercices de mémoire et bientôt des cours de danse. Toujours avec ces deux possibilités : soit en vidéo, soit en live, ajoute l’édile. L’objectif est de casser ces tentations de repli sur soi grâce à ces formes nouvelles d’activités. »
Depuis le déconfinement, la salle du foyer a été aménagée avec des marquages au sol pour visualiser la distanciation sociale. La prof de sport se déplace à nouveau et les cours se déroulent deux élèves par deux. Victimes de leur succès – cinq nouveaux résidants s’y sont inscrits pendant le confinement –, ils passeront bientôt à trois par trois.
Les sportifs forment des duos de niveau similaire. « J’ai choisi une petite dame qui n’a pas trop de douleurs et qui peut un peu tout faire, relate Clotide, qui apprécie aussi la présence en chair et en os de sa prof. On plaisante encore plus quand Laura est devant nous. Enfin, la blague c’est surtout nous. Elle accepte. Elle est tellement agréable. »
September 05, 2020 at 11:00AM
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Tour de France 2020 : terrain pour acrobate, dauphin et gastronomie - Le Monde
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