
Dire que les suiveurs du Tour de France se plaignaient mercredi que l’échappée soit remisée au placard, tel un art désormais vain. La Grande Boucle a ce don de prendre à rebrousse-pédale ses plus fidèles partisans. Un jour après avoir assisté à une journée sans drames, ni relief, ni aucune échappée, la sixième étape, jeudi 3 septembre, a aluni à bon port, avec la victoire de son dernier rescapé, le Kazakh Alexey Lutsenko (Astana) au sommet du mont Aigoual.
Pour le reste, pas grand-chose à ajouter, tant la course au classement général est restée désespérément plate, alors que la route prenait de la hauteur. « Le final du col de la Lusette est vraiment très dur, avait prévenu Pierre Latour (AG2R La Mondiale) avant le départ de l’étape reliant Le Teil (Ardèche) au sommet du Gard. Je pense qu’il y aura des écarts, des choses à faire et des opportunités à saisir. » On lui déconseille de tenter sa chance aux pronostics, tant les favoris n’ont pas bougé une oreille.
A force de vouloir concocter un parcours explosif, les organisateurs doivent commencer à s’arracher les cheveux. Un jour après « sans doute l’étape la plus facile de ma carrière » – les mots du vainqueur de Privas, Wout Van Aert –, où une « belle échappée de 172 coureurs » (soit l’intégralité du peloton), comme a ironisé Thomas De Gendt sur Twitter, a rallié la ligne d’arrivée sans forcer, les coureurs ont mis en avant la difficulté de l’étape du jour pour justifier l’absence d’initiatives de leur part.
« Dans le col de la Lusette, la pente était trop raide pour tenter l’offensive, et, à l’inverse, la dernière montée était trop faible pour faire des écarts, a énoncé le maillot jaune guère inquiété, Adam Yates. J’aurais laissé beaucoup d’énergie en attaquant, j’ai préféré garder des forces pour les jours prochains, et je pense que je ne suis pas le seul. »
Alaphilippe grappille une seconde
Résultat, une étape d’un autre genre que la veille, mais sans beaucoup plus d’intérêt côté spectacle. Le scénario que redoutait Thibaut Pinot avant le Tour – « une étape cadenassée par les trains de la Jumbo ou d’Ineos, avant une arrivée au sprint entre favoris dans les 500 derniers mètres » – n’a même pas eu lieu. L’unique attaque dans le peloton des leaders aura été un jaillissement à quelques mètres de la ligne de Julian Alaphilippe, grappillant une seconde après son déclassement de la veille à la suite d’une pénalité.
Trop de difficulté tue le spectacle ? Pas à l’avant de la course, où à l’inverse de la veille, la journée aura été animée. A peine quelques tours de pédales avalés, Nicolas Roche (Sunweb) lançait les hostilités. Le plus français des Irlandais était rapidement rejoint par un groupe de sept coureurs : Rémi Cavagna (Deceuninck-Quick Step), Greg Van Avermaet (CCC), Neilson Powless (EF Education First), Edvald Boasson Hagen (NTT), Daniel Oss (Bora-Hansgrohe), Jesus Herrada (Cofidis) et Alexey Lutsenko (Astana).

Un groupe de costauds. « Quand j’ai vu la qualité des coureurs qui m’avaient rejoint, je me suis dit, là c’est la journée, on va y aller, on va s’entendre, c’est le top niveau mondial », a commenté Nicolas Roche. L’expérimenté coureur – il en était à sa 19e échappée sur le Tour de France, là où Rémi Cavagna étrennait sa première – avait senti le coup. « Pour moi, ça allait être une journée de contrôle parmi les leaders. Je pensais que l’échappée pouvait aller au bout, alors que ce week-end », dans les Pyrénées, « on devrait avoir plus un affrontement entre les chefs. »
Première victoire kazakhe depuis dix ans
Rapide et soudé, le groupe de tête a avalé les kilomètres pour aborder l’ascension du gros morceau du jour, l’inconnu (pour le Tour) col de la Lusette, avec un peu moins de trois minutes d’avance. Cornaqué par son manageur, Alexandre Vinokourov – le dernier Kazakh à avoir gagné sur le Tour, il y a dix ans –, Alexey Lutsenko a maîtrisé l’ascension de la redoutable pente, portant son attaque dans les pentes les plus raides, et laissant ses camarades échoués en bord de route – que garnissait une foule de nombreux cyclotouristes ayant affronté l’ascension du col, et omettant largement la distanciation sociale.
Guère inquiété par le retour – à distance – de l’Espagnol de la Cofidis, Jesus Herrada, le champion du Kazakhztan pouvait conclure les kilomètres de replat aboutissant à l’observatoire du mont Aigoual, et s’offrir la « plus belle victoire de [sa] carrière ». Qu’il avait préméditée, perdant volontairement du temps lors des jours précédents « pour pouvoir tenter [sa] chance sans mettre en danger les leaders. »
Après six jours de course, le jeu d’observation entre favoris bat son plein. Et si l’on attend des deux étapes pyrénéennes, ce week-end, un brin d’animation parmi eux, le Tour aimant prendre à rebrousse-poil ses aficionados, rien n’indique qu’il ne faille pas attendre la troisième semaine et les arrivées au sommet dans les Alpes pour voir un chamboule-tout sur le podium.
September 03, 2020 at 08:04AM
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Tour de France 2020 : au mont Aigoual, l'échappée ne fait pas le spectacle - Le Monde
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