
On allait parler de sport, enfin. Mais le vœu s'est révélé pieux dès les premières heures. Comme si la confusion n'était pas suffisante au départ de cette édition inédite, la météo a semé le chaos. "Ce n'était pas de la nervosité, confirme Benoît Cosnefroy, sorti pendant quelques minutes pour se rassurer d'un gadin préalable. Il y a moins de public donc moins de stress mais ici, il n'avait pas plu depuis longtemps et les routes sont vite devenues glissantes. On ne tenait plus sur nos vélos."
Il s'est révélé trop compliqué de tenir l'inventaire des chutes. Une "patinoire" pour reprendre le mot de Fabien Grellier, premier échappé récompensé par les pois. Presque toutes les équipes ont goûté au bitume niçois. On a alors vu que le peloton s'était trouvé un nouveau patron : après un ultime conciliabule avec Astana, d'abord réfractaire à lever le pied, Tony Martin (Jumbo-Visma) s'est redressé en tête, bien en vue de tous, a levé les bras en signe de neutralisation.
L'ancien champion du monde allemand a probablement devancé de peu les organisateurs. "C'est tombé à quasiment chaque virage, témoigne Alexander Kristoff (UAE Emirates), lauréat d'un sprint tronqué qui ternit un peu l'éclat de son maillot jaune. Tony et les autres ont calmé le jeu pour qu'on ne perde pas de stars dès le premier jour."
L'hypothèse d'une interruption
Il y en a une qui sera au départ ce matin et peut s'estimer chanceuse d'avoir toutes ses dents : dans une descente, l'outsider Miguel Ángel López a dérapé tout droit vers un panneau de signalisation. On se demande par quel miracle un drame a été évité. D'autres leaders ont chuté. Et ceux qui ont tenu bon ont perdu des soutiens. Ainsi, Egan Bernal pourra difficilement compter sur Pavel Sivakov dans les prochains jours, tandis que George Bennett risque d'être amoindri aux côtés de Primoz Roglic et Tom Dumoulin.
Ces derniers jours, les coureurs étaient avant tout reconnaissants de pouvoir faire leur métier : organiser l'épreuve et garantir leur sécurité est effectivement une prouesse. Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu sont venus s'en féliciter. Le Tour est un rare événement de cette envergure à avoir pris les mesures nécessaires à son déroulement. Du moins, à son commencement. Car le ministre et la ministre déléguée n'ont pas exclu l'hypothèse d'une interruption si la situation sanitaire se dégradait encore dans certains départements déjà repassés en zone rouge.
Spectatrice démasquée
La cellule interministérielle de crise a rejeté une mouture assouplie du protocole sanitaire, soutenue par l'Union cycliste internationale (UCI) et les équipes. Finalement, deux contrôles positifs au Covid-19 parmi les trente accrédités d'une équipe sur une période de huit jours glissants vaudront exclusion. Coureurs et encadrants inclus. C'est ce dernier point qui avait été débattu toute la semaine. Tout n'est pas encore limpide : les Belges de Lotto-Soudal ont pris le départ alors que deux membres du staff ont été infectés et renvoyés chez eux en milieu de semaine.
Ce Tour se déroule donc dans une bulle imperméable autour des participants. C'est en tout cas l'idée. Le nombre d'accrédités que charrie l'évènement a été réduit d'un gros tiers d'après Christian Prudhomme, patron impliqué. Mais voilà, les organisateurs ne peuvent pas tout contrôler. Hier, des coureurs qui ont chuté ont été touchés par une spectatrice démasquée. Bonne intention, mauvais réflexe.
À Nice, d'autres amateurs se sont agglutinés derrière les barrières, sourds aux consignes de distanciation pourtant martelées dans trois langues. Ces comportements suffisent à justifier le filtrage prévu dans 27 cols, dès aujourd'hui dans ceux de Turini (1re catégorie) et d'Èze (2e), dans l'arrière-pays, où les voitures individuelles seront retenues au pied. Deux tonnes de solution hydroalcoolique sont mises à disposition mais, face à l'épidémie, elles pèsent moins lourd que les mauvaises volontés isolées.
August 30, 2020 at 04:46AM
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Le Tour de France en terrain glissant - Le Journal du dimanche
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