Spectaculaire et inédit avec la haute montagne en guise d’amuse-bouche, le grand départ de Nice devait en jeter plein les mirettes aux amoureux du Tour de France. Mais admirer le peloton, jusqu’à son départ de la baie des Anges, lundi 31 août, nécessitait un masque sur le nez et une bonne dose de motivation.
Les panneaux occultants de deux mètres de haut, installés à certains endroits du parcours, ont peut-être protégé les coureurs de l’enthousiasme « contagieux » du public, ils ne favorisent guère la fête populaire. Pas plus que les autres mesures drastiques instaurées pour tenter de contenir la propagation du Covid-19.
Ce week-end, lors des deux premières étapes, qui ont exploré les routes aux lacets tortueux du moyen et du haut pays niçois, les cols sont restés fermés aux véhicules motorisés afin d’en restreindre l’affluence. Seuls de rares courageux, à vélo ou à pied, se sont positionnés le long des pentes empruntées. Passage en zone rouge oblige, le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, avait prévenu : « Si j’ai un conseil à donner aux spectateurs, c’est de regarder les ascensions de cols à la télévision. »
C’est donc par écran interposé que la majorité du public a d’abord assisté, samedi, à un drôle de spectacle : des chutes à foison provoquées par la pluie, invitée si rare dans le paysage que la chaussée s’était muée en patinoire. « Entre soixante et soixante-dix pour cent du peloton ont caressé le bitume », estimait l’Italien Matteo Trentin (CCC). Le Norvégien Alexander Kristoff (UAE-Team Emirates) a remporté ce jeu de quilles en réglant le sprint piégeux sur la promenade des Anglais.
Bulle d’air contre bulle sanitaire
Il ne restait plus rien de ce déluge dimanche. Tant mieux pour les coureurs, qui ont évité de rééditer leurs glissades sur « verglas d’été » dans des pentes autrement plus vertigineuses. La deuxième étape proposait en effet les deux premiers cols de première catégorie, la Colmiane et le Turini, ainsi qu’une dernière bosse à proximité de l’arrivée, le col des Quatre-Chemins. « Une véritable étape du Tour », a apprécié son vainqueur sortant, Egan Bernal (Ineos-Grenadiers). Un menu idéal, aussi, pour Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), qui n’a pas manqué l’occasion de renouer avec « son » maillot jaune, porté pendant quatorze jours en 2019.
Une bulle d’air pour les organisateurs, la cote d’amour du Français restant au zénith, qui ne suffit pas à effacer la réalité d’une autre bulle, sanitaire celle-là. Et d’un départ « quasi à huis clos », selon la formule préfectorale. Jeudi, la présentation officielle des équipes s’est réalisée devant une assistance triée sur le volet. Quelques heures avant, le département était passé en zone rouge de circulation active du virus. Le 20 août, un arrêté préfectoral avait déjà rendu le port du masque obligatoire dans la commune entre 8 heures et minuit.
Samedi, seules deux petites tribunes, réduites chacune à 50 spectateurs, avaient été installées sur la zone de départ, à proximité de la promenade des Anglais. Les forces de l’ordre étaient chargées de faire respecter le port du masque à la population, plutôt disciplinée en bord de course. Un père de famille soufflait : « Personne n’est venu nous rappeler à l’ordre. De toute façon, à Nice, c’est obligatoire. » Une règle suivie de manière plus aléatoire à mesure que l’on s’éloignait du parcours.
Passer à travers les gouttes
Certaines scènes n’ont pas donné l’exemple. Perché en loge au-dessus de la foule avant le départ de la première étape, le maire Christian Estrosi est apparu, son masque blanc pendant à l’oreille droite. Démasqués aussi : ses invités, du Prince Albert II de Monaco au ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Jean-Michel Blanquer.
Un joli quatuor : Prince Albert II de Monaco - Mc Gregor - Blanquer - Estrosi dans la corbeille présidentielle deva… https://t.co/aBfZIDJFi6
— JohanRouquet (@Johan Rouquet)
Le service de presse de l’édile a tenté de corriger l’image désastreuse : « Le cliché a été pris dans un espace privé de restauration ; donc, comme dans tout restaurant, pour manger et boire les gens enlèvent leur masque. »
Dimanche matin, interrogé par le site Cyclism’Actu, Christian Estrosi, masque cette fois-ci en place, se réjouissait déjà du séjour prolongé dans sa ville d’Alaphilippe et du peloton : « Un bilan formidable ! Beaucoup de monde respecte les règles fixées qui ont permis de conserver cette dimension populaire du Tour. Dans vingt ans, nous en retirerons encore des retombées économiques et sociales. » Moins ambitieux, le Tour espère, lui, rallier Paris en faisant passer sa bulle à travers les gouttes du coronavirus. Dans vingt jours.
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August 31, 2020 at 02:21PM
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A Nice, le Tour de France s'accoutume à sa nouvelle vie - Le Monde
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