Propice aux légendes urbaines, ces histoires aussi effrayantes que fausses, la tour de bureaux Entrepose est un phare à l'abandon depuis seize ans, au carrefour des Six-Routes, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Pour les habitants de la cité des 4 000 et aussi de Saint-Denis, elle fait partie de l'horizon. Malgré son air underground, sa vingtaine d'étages sans aucune vitre aux fenêtres, elle en deviendrait presque invisible… Sauf quand un curieux et gigantesque tag apparaît au sommet de l'immeuble.
«Commissaire trop suspect»
«Commissaire trop suspect !» ont écrit tout récemment un ou plusieurs graffeurs. Imaginé pour être vu de loin, le graffiti bien mystérieux atteint son but et attire les regards, notamment ceux des automobilistes qui regagnent l'autoroute A1 ou qui viennent de Saint-Denis. «Je l'ai vu en passant et je n'en ai pas compris ni la signification, ni la référence, constate un habitant. Vu l'état du bâtiment, on n'est plus à ça près.»
Aucune explication officielle ou officieuse pour éclairer le sens de cette inscription qui a fait rire les gamins qui vivent dans les logements à côté de la tour Entrepose.
A défaut de connaître les circonstances de réalisation et sa date précise, la ville de La Courneuve a décidé de faire effacer le tag. Une équipe spécialisée doit intervenir dès ce jeudi.
Construite en 1972, vidée et revendue en 2004
Ce mercredi, au pied du géant désossé, la police municipale était d'ailleurs déjà présente. Une petite porte d'entrée qui ne paie pas de mine mène vers les entrailles, ou tout au moins ce qu'il en reste.
De l'extérieur, on devine le niveau de dégradation qui règne dans les étages. Les faux plafonds en vrac s'aperçoivent à travers les ouvertures dont les vitres ont toutes été volées au cours d'un été, il y a quelques années. Construit en 1972, le gratte-ciel a été le siège social de la société d'échafaudages Entrepose avant d'être vidé et revendu en 2004.
La trajectoire au millimètre du base jumper
Mais c'est loin d'être la seule curiosité urbaine de ce phare haut de 80 m. Visitée par les tagueurs, squattée par des gens « issus de la filière tchétchène », selon la ville, elle est aussi un spot sauvage de base jump, si l'on se réfère aux images mises en lignes fin juin. Un parachutiste de l'extrême (voire plusieurs) s'est offert quelques instants d'adrénaline comme le montre une courte vidéo extraite de Snapchat. Perché sur le toit, à la nuit tombée, il a effectué un saut de moins de quinze secondes. Une trajectoire au millimètre, entre les bâtiments et qui se termine au milieu d'une pâture, le long de la D 30.
43 squatteurs évacués en 2017
Là encore, pas d'éléments de circonstances autour de ce saut. Les équipes de la ville de La Courneuve ainsi que la police municipale confirment avoir vu circuler la vidéo sur les réseaux sociaux. Ils sont peu en France — autour de 300 — à pratiquer ce sport extrême.
Les «vols» en milieu urbain sont également relativement rares mais généralement, ils marquent les esprits. En 2016, trois base jumpers s'étaient par exemple élancés des 160 m du building du tribunal de Paris, à l'époque en fin de construction.
Si la tour Entrepose a sa part de mystère, elle est aussi encombrante pour la commune. En 2017, 43 squatteurs ont été évacués et le bas de l'immeuble muré. «Cela nous a coûté 200 000 euros, ce sont des fonds avancés que nous pourrions mettre ailleurs», relève Mélanie Davaux, maire adjointe de La Courneuve, chargée du droit des sols.
«C'est une pustule dans un endroit stratégique»
Les collectivités n'ont d'ailleurs plus aucun contact avec les propriétaires «insaisissables» et qui seraient situés à l'étranger. La situation alimente les fantasmes et complique la transformation du quartier.
Le département pilote le réaménagement du carrefour des Six-Routes et la création d'une dalle piétonne, dans le cadre de l'arrivée des futures lignes 16 (Pleyel/Noisy-Champs) et 17 (Pleyel/Le Mesnil-Amelot) du Grand Paris Express. Des logements y sont également prévus. Plaine commune et la ville ont également des envies de reconversion pour la tour Entrepose.
«Il y a des projets notamment hôteliers, poursuit Mélanie Davaux. Ce bâtiment pourrait être incroyable mais c'est une pustule dans un endroit stratégique. C'est la symbolique sur ce territoire de l'impunité des mauvais payeurs et de notre impuissance dans ce type de dossier.» Pour l'heure, Plaine commune, qui suit l'affaire de la tour infernale, n'a «pas de commentaire à faire».
July 30, 2020 at 07:55PM
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Squats, tag géant et base jump : les mystères de la tour Entrepose à La Courneuve - Le Parisien
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