Covid oblige, on a bien cru ne pas avoir de Tour de France en 2020. Et puis, avec deux mois de retard, et une bulle sanitaire plus tard, voilà les coureurs de la Grande Boucle embarqués pour 21 étapes et 3 484 km sur les routes de France. Petit aperçu de la journée à venir.
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Au menu du jour, étape 5 : Gap-Privas, 183 km
Après l’excitation de la dernière montée express de la première étape arrivant au sommet (qui n’en est pas un, Orcières-Merlette est tout au plus à flanc de montagne), retour au calme pour le peloton. Enfin, retour à une étape plus traditionnelle des premières semaines du Tour. Soit 183 bornes d’une traversée qui ne pourrait rien avoir de monotone, à travers les champs de lavande et la garrigue. Comme les coureurs ne sont pas venus pour admirer le paysage – ou pas uniquement –, tout ce joli monde devrait se départager lors d’une arrivée massive et laisser les « grosses cuisses » s’expliquer devant. Et face au vent, très probablement.
« Dans la vallée du Rhône, la tradition cycliste, ce sont les sprints massifs », glisse Christian Prudhomme, directeur de la Grande Boucle, en présentation de l’étape. « En conclusion d’une route en faux plat montant sur plusieurs kilomètres, celui de Privas concernera les spécialistes parmi les spécialistes. »
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Le vainqueur du cœur
S’il parvient à distinguer sa droite de sa gauche dans la dernière ligne droite, à Privas, peut-être que Hugo Hofstetter créera la surprise de ce début de Tour. « Au lieu d’être à droite, je suis parti à gauche pour faire le sprint dans le vent », regrettait lundi le sprinteur français de la formation Israel Start-up Nation, après une quatrième place le laissant amer à Sisteron. Dans un sprint qui s’annonce venteux et sur un faux plat montant, l’Alsacien pourrait surprendre les grands favoris. Et lever les mains droite et gauche sur la ligne.
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Le vainqueur de la raison
Vous devriez reprendre une dose du visage de Tim Declercq en tête de peloton. Tracteur officiel de la Deceuninck-Quick Step et chasseur d’échappés, le Belge va une fois encore mener le peloton à la baguette et le train de l’équipe de Julian Alaphilippe à bon port. Avec un double objectif : conserver la tunique et lancer le sprinteur maison, Sam Bennett, malheureux jusque-là sur ce Tour (remonté de justesse par Caleb Ewan à Sisteron lors de la troisième étape). L’Irlandais devrait finir par remporter son premier succès sur le Tour. Dès Privas ?
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La leçon de la veille
« Chute à l’avant. » Membre de l’échappée belle (ou vaine, suivant le degré de romantisme de chacun), Tiesj Benoot (Sunweb) savait comme tous ses comparses que le peloton allait fondre sur eux avant la dernière ascension, histoire de s’expliquer entre costauds à Orcières-Merlette. Ce qu’il ignorait, en revanche, c’est qu’il manquerait de subir un sacré coup du sort. Pour une erreur de trajectoire, le Belge, dont l’équipe venait d’annoncer la prolongation de contrat, a basculé au-dessus du rail de sécurité dans une descente. Et s’il s’en sort sans (trop) de dommages malgré un vol les quatre fers en l’air, on ne peut pas en dire autant de son vélo, décapité sous le choc.
🇧🇪 @TiesjBenoot missed a corner and crashed. Fortunately, he seems to be not injured, contrary to his bike. 🇧🇪… https://t.co/WoIAesNQG1
— LeTour (@Tour de France™)
« Globalement, ça va, je souffre un peu au doigt. Ça aurait pu être bien pire je pense, a commenté le coureur après l’arrivée. J’ai quelques regrets car j’avais l’objectif d’attaquer dans l’avant-dernière ascension et de partir tout seul. » Un art de la bascule autrement plus impressionnant que celle entre deux chaînes télévisées du service public.
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Détour du Tour
Difficile de les rater quand on arrive aux abords de l’arrivée (et bien avant, même). Tonneau juché sur les épaules, l’escouade sanitaire du Tour veille au grain. Et distribue allégrement du gel hydroalcoolique aux spectateurs s’amassant (tout est relatif) le long des barrières. Une image à laquelle on peine encore à s’accoutumer, mais il faut bien écouler les deux tonnes de ce liquide salvateur stocké par le Tour. Et prendre toutes ses précautions, aussi.
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Le Tour de la Gaule
Parce que le Tour est plus qu’une épreuve sportive pour les Français, nous vous enverrons chaque jour une carte postale gourmande. Promis, nous aurons plus de mesure qu’Obélix et atteindrons plus vite la satiété.
De la raclette en été ? Et pourquoi pas. De passage dans une station de ski, pourquoi ne pas céder à la tentation d’un plat qui réchauffe. D’autant qu’à Orcières-Merlette, les soirées peuvent être frisquettes. A la table de L’Establou, en plus d’une raclette fort honnête, sur base de tome de Savoie, on profite également de l’inénarrable bonne humeur des hôtes.
Le Tour post-confinement
Deux mois, c’est le temps qu’a duré le confinement imposé par le coronavirus dans l’Hexagone. Et puisqu’on va sillonner les routes nationales et autres départementales, nous nous proposons de raconter des histoires jaillies pendant le confinement.
Quatrième arrêt, Chabottes, Chabottes deux minutes d’arrêt
Exilé sur le sol, éloigné des sommets, il s’est intéressé à ce qu’il avait sous les pieds. A Chabottes, à l’orée du Parc national des Ecrins, Marc Corail contemple la vue depuis son potager. « Quand je sortais la longue-vue, au moins une heure par jour, je pouvais observer les mouflons sur les parois. » Confiné comme le reste du pays, en dépit de son statut de garde-moniteur du parc – soit un « policier de l’environnement » –, il ne cache pas avoir dû dompter ses fourmis dans les jambes pour respecter l’interdiction d’aller randonner.
« Ici, le confinement n’était pas trop dur à vivre, par rapport aux gens des villes, relativise-t-il. Mais c’était dur quand même. La nature sauvage, loin de tout, c’est un vrai besoin pour moi. » Ne pouvant aller gambader dans les cimes, il a entrepris d’explorer la nature autrement. Faute de gypaètes, il s’est plongé dans la vie secrète des insectes. « Le Parc national a une grosse thématique consacrée à la biodiversité cachée, et on s’est mis en tête de la recenser. »
Loin des espèces emblématiques du coin – aigle royal, bouquetin… –, il retourne des bouses de vache à la recherche de coléoptère, analyse des souches pour y trouver des larves ou explore les canaux jouxtant sa maison et découvre des nids d’araignées. Recense, photographie et rédige des monographies pour documenter la riche faune locale. En devant dans certaines occasions se décarcasser pour identifier des bestioles « dont le spécialiste est parfois un entomologiste belge ou polonais ». Résultat, grâce à ce travail, la base de données du parc, Biodiv’Ecrins, s’est enrichie de nombreuses fiches, et plusieurs espèces dont la présence dans la zone était inconnue ont été ajoutées.
S’il regrette que lui et les autres gardes soient « passés à côté de l’incroyable laboratoire » qu’a été la nature privée des hommes pendant le confinement, faute de pouvoir aller la monitorer en dehors du périmètre d’un kilomètre, Marc Corail a « redécouvert le tout près ». « On est tous comme ça, on préfère cavaler au bout du monde, en se disant qu’on aura toujours le temps de se pencher demain sur ce qu’il y a dans son jardin », philosophe ce Bourguignon de naissance, arrivé dans les Ecrins en 1993. Qui prend en exemple les très nombreuses réponses à l’initiative de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) pendant le confinement, « confinés mais aux aguets », qui a mobilisé les gens.
S’il a retrouvé ses chères montagnes, il reste de cette étrange période une liste de découvertes égrainées sur Internet : « Euleia heraclei (la mouche du céleri), Anthomyia pluvialis (anthomyie pluviale), Ontholestes murinus (staphylin cuivreux)… » Autant d’évasions microcosmiques.
September 02, 2020 at 11:00AM
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Tour de France 2020 : traversée, grosses cuisses et bascule - Le Monde
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